Vous commencez à nous connaître avec le temps. Vous savez quel plaisir nous avons à vous faire découvrir de jeunes talents qui présentent pour la première fois leurs vins. Aujourd'hui, c'est donc avec une certaine émotion que nous souhaitons vous parler de William Rouxel. 

William n'est pas à proprement parler un jeunot. Horticulteur et pépiniériste de formation, il prend le chemin des vignes sur un coup de tête, ou plutôt sur un coup de coeur, pour la Bourgogne précisément. Il travaille dans un premier temps pour de grands domaines de la Côte de Nuits, puis décide de prendre le large pour explorer d'autres horizons, l'Australie notamment. 

"J'ai découvert une philosophie du pinot noir qui me correspondait : vinification en grappes entières, remontages plutôt que pigeages... Des méthodes douces pour obtenir le meilleur du cépage. J’ai également découvert l’importance accordée au choix des futs." Ce sera sa ligne de conduite.

Depuis plusieurs années, l'expertise de William Rouxel est reconnue par tous les amoureux des traitements doux et de la biodynamie, mais aussi de ceux qui cherchent à obtenir le meilleur raisin possible tout en prenant un soin attentionné à l'équilibre de la vigne et de son écosystème (ne soyez pas étonné de croiser une énorme fourmilière au beau milieu d'un rang).

William, c'est un puits de science qui ne se lassera jamais de vous parler de l'importance du végétal. Nous en avons fait l'expérience lors de notre toute première rencontre, il y a 3 ans maintenant. Sa vigne, située dans les Hautes Côtes de Nuits, sur les hauteurs de Nuits Saint Georges, nous a laissé sans voix. C'est un lieu magique à la vue majestueuse et au voisinage discret (des oiseaux principalement). On attendait donc avec impatience de voir ce que William allait pouvoir sortir d'un terroir et d'un environnement comme celui-là. 

Sans relâche, il a travaillé ses 3 hectares pour redonner toute sa force à cette vigne propre, mais qui manquait un peu de vigueur. Avec son ami Arnaud Lopez (Maison Pinot Noar), avec qui il partage une partie de sa production de raisins, il apprend à lire ce terroir, à comprendre ses subtilités. Et puis, en 2022, arrive la première vendange et les premières vinifications. Arnaud lui conseille de vinifier sans soufre. William prend le risque, se lance, et ne le regrettera pas. Il suit également sa ligne de conduite : vendanges entières, extractions douces, beaucoup de feeling, de suivi, de confiance dans ce raisin qu'il a choyé pendant des mois, un élevage en futs anciens et dans une petite céramique, une mise en bouteilles un an après, et voici sa toute première cuvée, sobrement nommée "Les Larrets", du nom de cette parcelle, son petit paradis.

L'étiquette est sobre, discrète. On est loin des codes actuels des vins naturels où chacun rivalise d'originalité (parfois à la limite du bon goût) pour se démarquer. William a lui choisi de laisser parler son raisin, son expérience et sa méthode. Dans un monde fait d'images et d'apparat ça peut paraitre anachronique, mais nous, curieusement, ça nous plait.

Après quelques semaines de repos, les vins étaient enfin prêts à quitter le nid. William nous a livré en ce début de semaine. Nous n'avons pas pu résister à l'envie et avons ouvert une bouteille avec quelques amis de passage. Nous avons retrouvé ce très joli fruit qui nous avait séduit lors de notre dégustation sur fûts quelques mois auparavant, mais également cette belle structure terrienne très typique des terroirs de Nuits Saint Georges. Sans surprise, nous sommes loin du petit glouglou. C'est un vin sérieux, qui pourrait donner l'impression d'une certaine forme d'austérité mais qui, en réalité, ne demande qu'à être attendu quelques années pour révéler tout son potentiel.